Bienvenu à Opus 110!

Bienvenue sur le blog d'Alex Benjamin, directeur artistique du Festival de Lanaudière.

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mercredi 27 juillet 2011

Le Vampire : Synopsis


Pour ceux qui voudraient connaître un peu à l'avance l'histoire du Vampire, l'opéra de Marschner qui sera produit à Lanaudière ce samedi 30 juillet 2011, en voici un résumé :


Der Vampyr

Opéra romantique d’Heinrich Marschner
Sur un livret de Wilhelm August Wohlbrück
D’après la pièce Der Vampir oder die Totenbraut (1821) d’Heinrich Ludwig Ritter
Et le roman The Vampyre (1818) de John Polidori

Créé à Leipzig le 29 mars 1928


SYNOPSIS

ACTE I

Première scène :

Aux abords d’une sombre caverne, à minuit.

Vampires, sorcières et esprits attendent leur maître. Celui-ci apparaît, accompagné de Lord Ruthven. Le Maître Vampire informe l’assemblée que Ruthven, désirant demeurer encore un an parmi les vivants, ne pourra le faire qu’après avoir sacrifié trois jeunes vierges avant minuit le jour suivant. Ruthven demande aux esprits de s’éloigner puisque sa première victime, à qui il a donné rendez-vous, va bientôt arriver. Dans son récitatif et air, il songe au sort cruel qui attend sa victime et chante le plaisir que sera sentir la vie nouvelle couler en lui lorsqu’il en boira le sang.

Janthe, à qui Ruthven avait donné rendez-vous, arrive et s’élance dans les bras de Ruthven. Elle croit trouver en lui un amant, mais leur duo d’amour, où s’exerce son pouvoir de séduction, ne la conduit pas au bonheur mais à la mort, alors que le vampire l’entraîne dans le sombre de la caverne. Les cris désespérés de Janthe attirent son père Berkley et ses compagnons, partis à sa recherche. Berkley poignarde Ruthven, mais tous s’enfuient, terrorisés, lorsque Janthe est découverte, vidée de son sang.

Ruthven, à l’agonie, sait qu’il a besoin des pouvoirs de l’éclat lunaire pour survivre. Aubry, qui s’était égaré en se promenant non loin, le découvre. Ruthven le convainc de l’aider à monter au sommet d’une colline afin qu’il puisse s’abreuver des rayons de lune. Aubry se rend compte que son ami de longue date est un vampire, mais Ruthven l’oblige à promettre de ne pas dévoiler son secret avec 24 heures, lui rappelant qu’il a un jour sauvé sa femme et que si il le trahit, il deviendra lui aussi un vampire.

Deuxième scène :

Une grande pièce dans le château de Lord von Davenaut.

Malwina, fille de Lord Davenaut, attend Aubry, l’homme dont elle est amoureuse. Elle l’aperçoit à l’extérieur, se précipite à sa rencontre, et ils chantent en duo leur amour. Ils vont à la rencontre de Davenaut, persuadé que celui-ci accueillera favorablement l’idée de leurs fiançailles. Mais Davenaut a déjà décidé que sa fille épouserait le Comte de Marsden. Malwina et Aubry sont atterrés d’entendre une telle nouvelle et Malwina tente de persuader son père de changer ses plans. On annonce l’arrivée du Comte de Marsden. Ce dernier, qui n’est autre que Ruthven sous un faux nom et légèrement déguisé, pénètre le grand hall du château. Après une hésitation, Aubry le reconnaît, mais Ruthven lui rappelle son serment. Les invités de Davenaut, venus fêter les fiançailles de Malwina, chantent gloire à la maison des Davenaut.


ACTE II
Première scène :

La grand’ place devant le château du Comte de Marsden.

Des villageois chantent, dansent et s’activent aux derniers préparatifs en vue du mariage d’Emmy et de George. Emmy est seule, attendant l’arrivée de George, et déclare qu’un fiancé ne devrait jamais arriver en retard à ses noces. Les villageois apprennent alors la mort de Janthe. Un frisson parcourt l’assemblée, et Emmy chante alors son second air, une romance dans laquelle est contée la légende du vampire.

Ruthven apparaît. Il entreprend de séduire Emmy, qui semble apprécier l’attention dont elle est l’objet. George, bouillonnant de fureur, les observe d’abord de loin, puis interrompt leur dialogue, sa jalousie apparente. Ruthven s’éloigne, et les deux fiancés se disputent. Aubry apparaît. Il a décidé de sauver Malwina, même si ça soit lui coûter la vie, mais Ruthven lui décrit dans les plus horribles détails le sort qui l’attend en Enfer s’il rompt son serment. Aubry, laissé seul, chante son désespoir.

Entretemps, Ruthven est parvenu à séduire Emmy et à l’entraîner dans un coin isolé du port, loin des regards indiscrets. Ils disparaissent. On entend des coups de feu. Un cri annonce qu’Emmy vient d’être retrouvé morte, vidée de son sang. Le chœur des villageois lamente son destin tragique.

Deuxième scène

Une salle dans le château de Davenaut.

Malwina, ne pouvant plus résister à la volonté de son père, annonce qu’elle accepte d’épouser Marsden/Ruthven. Dans un duo avec Aubry, elle chante le bonheur qu’ils auraient pu avoir si leur destin avait été différent. Il y a encore chez elle de l’espoir, mais Aubry l’avertit qu’il faudra beaucoup de courage et de foi pour vaincre les puissantes forces du mal. Entre le chœur des invités. Malwina implore son père, le suppliant de changer ses plans. Entre Ruthven, pressé de se retrouver seul avec Malwina car minuit approche à grands pas. La tension atteint son paroxysme quand Aubry, devant l’assemblée stupéfaite, tente de retenir Malwina puis, rompant son serment, accuse Ruthven d’être un vampire. Cri de terreur de l’assemblée, un éclair frappe Ruthven, le réduisant à néant. L’amour et la foi ont triomphé du mal, chantent les amants enfin réunis.

mardi 19 juillet 2011

D'un battement l'autre

Il m'est intéressant de constater que les commentaires les plus passionnés que je reçois cette année de la part du public qui assiste aux concerts à l'Amphithéâtre ne concernent non pas la présence nouvelle des écrans mais plutôt ces applaudissements qui viennent - selon les commentaires, s'entend - malproprement interrompre le silence intervenant naturellement entre les mouvements d'une symphonie, d'un concerto. "Vous devriez interdire cela!", dit une dame avec une virulence que j'aurais cru réservée à des sujets autrement moins légers. "Vous devriez expliquer aux gens pourquoi il ne faut pas applaudir entre les mouvements", me dit une autre, plus conciliante et prête à pardonner l'offense.

De toute évidence la chose est sensible. Épidermique. Je suis naïf: je n'aurais jamais cru le rituel aussi sacralisé, mais plutôt son abandon progressif accueilli, même parmi les plus fervents de l'assemblée, avec résignation, certes, mais également ce léger soulagement lié à la permissivité nouvelle de laisser manifester ses instincts de plus bas niveau: j'aime, j'applaudis.

Ou alors cette nostalgie, vaguement sentimentale, qui nous passe à fleur d'âme quand on se rend compte que oui, vrai, les temps changent. Après tout, on transforme bien les églises en condos, et voilà qui n'a jamais enlevé à un croyant sa foi.

"Et vous, Monsieur Benjamin, qu'en pensez-vous?" Ah la la, Madame, si vous saviez! Moi, les choses simples de l'existence, style ce que diantre peut bien faire si majeur dans le premier mouvement d'une Hammerklavier pourtant en si bémol ou pourquoi le développement thématique est ce qu'il y a de moins intéressant à examiner dans la sonate de Liszt, ça, n'importe quand. Mais là, Madame, vous m'obligez à verser dans l'ambiguïté et, mes amis vous le diront, l'ambiguïté est de tous mes traits de caractère le plus exaspérant.

Et, hélas, le plus dominant, ce qui me rend parfois d'une amitié exaspérante.

Je répondrais donc: ça dépend. Parfois oui, parfois non. Tantôt j'ai la foi, tantôt suis athée. Païen, même, dans mes moments de grand abandon. Tenez, je vais vous faire un aveu: lors du derniers Concours international de musique de Montréal, à l'approche des dernières mesures du concerto de Tchaïkovski, joué avec fougue par Mademoiselle Beatrice Rana, je me suis mis, dans le feu de cette action, à souhaiter ardemment que la foule explose, qu'une forme de joie éruptive vienne répondre à l'extraordinaire énergie musicale relâchée par la pianiste, le chef et l'orchestre. Et ce fut le cas, et je vous jure que de tous les bravos, les miens furent parmi les plus sonores. Là, je me suis senti très dix-neuvième siècle.

Tchaïkovski, j'en suis sûr, aurait applaudi, lui aussi. "Wow!, qu'il se serait dit, j'étais vraiment hot ce jour-là!" Même qu'il se serait levé et aurait crié: "Encore, encore! Je veux réentendre! La cadence, Mademoiselle, vous la jouez si bien!"

Mais bon, ça c'est Tchaïkovski. Sympathique bonhomme, mais un égo pas possible. Un Dvorak, plus modeste, aurait-il demandé à ce que soit bissé le Largo de sa "Nouveau Monde"? Si l'interprétation l'avait ému aux larmes - ce à quoi toute interprétation de ce troublant morceau se doit de viser -, sans doute. Et au personnage à ses côtés l'intimant de cesser ses bravi, je ne doute une seconde qu'il aurait répondu: "Monsieur, un Scherzo, ça peut toujours attendre!"

Ailleurs, par contre, je ne joue plus. La Mer de Debussy, on y pense même pas. Dans une symphonie de Brahms, c'est franchement inconvenant. Beethoven? Parfois oui, parfois non. Chostakovitch? Encore faudrait-il savoir s'il ne nous dit pas le contraire de ce qu'il semble nous dire tant il serait malséant de faire preuve de joie suite à une démonstration ironique et brutale des dérives de l'humain.

Mendelssohn? Fréquemment, surtout parce qu'on oublie chaque fois à quel point c'est beau et qu'il est de ceux à qui on a envie de dire merci. Schumann? Presque jamais, sauf à la fin du premier mouvement du concerto pour piano parce que ça lui ferait tant plaisir après tout ce qu'il a vécu, le pauvre. Bach? Tentant par moments, mais après chaque air dans la Passion selon saint Matthieu, si merveilleusement chanté qu'il soit, on n'en sortirait pas, et j'en connais qui, n'en pouvant plus de la lenteur de l'agonie, demanderait qu'on passe à la crucifixion dès l'entracte.

Il n'y a au fond qu'avec Hindemith où je jouis enfin d'une certaine certitude: je n'applaudis jamais, ni avant, ni pendant, ni après. Parce que cette musique m'échappe totalement.

Mais ça, c'est mon problème.